Retranscritption cinématographique de American Psycho.
Avant d'entammer notre partie portant sur la retranscription de l'oeuvre d'Ellis nous allons faire un résumé du roman et une biographie de l'auteur avant d'entrer dans le vif du sujet.
Affiche du film American Psycho réalisé par Mary Harron |
American Psycho, Ellis. |
A. Résumé du roman.
Il raconte l’histoire de Patrick Bateman, 27 ans, un flamboyant «golden boy» de Wall Street, avant le krach d'octobre 1987. Patrick est beau, riche et intelligent, comme tous ses amis. Il fait partie de ces personnes qui fréquentent les lieux les plus chics de l’Amérique et comme celles-ci, il tombe de temps en temps, dans le sombre tunnel de la drogue. Tout semble presque normal pour ce personnage mais il a une petite particularité, c’est un véritable psychopathe. A l’abri de son appartement et de sa quantité de luxure, il tue, décapite, égorge, viole. Il éprouve une haine immense envers tout ce qui l’entoure. La seule trace d’humanité qu’on peut lui trouver est son humour froid, cynique.
Remarque : L’auteur fera de ce personnage un véritable homophobe, aspect très important à ne pas oublier vue l’orientation sexuelle de Bret Easton Elis et l’époque à laquelle le roman est écrit (nous aborderons le sujet dans la partie «contexte historique»).
Ce roman a provoqué à sa sortie un véritable scandale, en raison de l'extrême violence et de la
son argent et le manuscrit. Publié par Knopf, une autre maison d'édition, le livre se vendit à plusieurs millions d'exemplaires aux pornographie présentes dans plusieurs passages. Il a été refusé par l'éditeur Simon & Schuster, qui avait pourtant donné une avance de 300 000 dollars à l'auteur. En effet, après lecture, l'éditeur a préféré abandonner États-Unis, puis dans le monde. L'auteur dut prendre un garde du corps suite à de multiples menaces de mort, mais a publié son livre dans le reste du monde où le scandale fut extrêmement moindre. American Psycho est aujourd'hui un best-seller.
Bret Easton Ellis, né le 7 Mars 1964 à Los Angeles est un écrivain américain. C'est l'un des auteurs principaux du mouvement Génération X et on le classe parfois parmi les romanciers d'anticipation sociale. Il se considère comme un moraliste, bien que certains voient en lui un nihiliste. années 1980, faisant du mercantilisme et de l'industrie du divertissement de cette décennie un symbole. Ses livres, des contre-utopies qui se déroulent souvent dans des métropoles américaines (comme Los Angeles et New York), sont peuplés de personnages récurrents.
Les oeuvres d'Ellis : Moins que Zéro (1985), Les lois de l'attraction (1987), Zombies (1994), Glamourama (1998), Lunar Park (2005), Suite(s) Impériale(s) (2010).
American Psycho le film
De Mary Harron (2000)
Quelques renseignements sur le film sont nécessaires avant d’entamer la partie «Du Roman au Film».
Contexte historique
Comme nous avons pu le voir avant, Bret Easton Ellis fait partie de la Génération X. Celle-ci désigne les Occidentaux nés entre 1959 et 1981. (Cette génération est intercalée entre celle des baby-boomers et la génération Y).
Les œuvres de cet auteur, dont American Psycho, se situent dans les années 1980.
Ellis fait de ces années, une véritable mine d'or et un véritable décor dans ses romans.
Dans American Psycho, un sujet est véritablement important pour le contexte historique : l’Homosexualité.
En effet, les années 1980 sont "l’Âge d’Or " de l’homosexualité.
C’est la première et la dernière fois qu’elle et si visible et flamboyante. Jamais plus elle ne sera aussi décomplexée, incorrecte, jamais plus elle ne retrouvera cet éclat eighties qu’elle a eu.
On peut expliquer cela pour plusieurs raisons.
D’une part, c’est la décennie où apparaît le Sida, maladie qui dans un premier temps a touché majoritairement les personnes homosexuelles et qui a causé des milliers de décès, d'autre par les goûts homosexuels s'orientent en général vers la nostalgie "Kitsch" , vers le monde sucré et adolescent musico-télévisuel typiquement eighties.
Par ailleurs, les années 80 sont aussi la période qui sacralise l’homme-objet et surtout la femme-objet androgyne, ces êtes mi-mythiques, mi-réels sur lesquels se sont principalement focalisées les personnes homosexuelles dans leur quête indentitaire et amoureuse.
Au cours des années 80, la publicité acquiert une vraie place d’honneur dans la société, devient un enjeu politique et commercial de taille.
Avant les années 1990, il importait peu pour les jeunes de porter des vêtements de marques, par exemple : c'est avec le travail de lobbying marketing des années 1980 que la société de consommation a pu se faire une beauté et soigner solidement son image.Les artistes homosexuels ne sont pas étrangers à cette révolution de l’art et de la société matérialiste : ils en sont même le fer de lance.
Et pour terminer, une autre raison qui peut expliquer les liens forts qui existent entre désir homosexuel et les eighties durant cette période, c'est le côté artistique qui prend doucement le pas sur le pouvoir politique pour substituer à lui. Ce que l'on appelle Le Star System a visibliment gagné davantage le coeur du Peuple que les présidents et leur cour de ministres.Ellis fait de ces années, une véritable mine d'or et un véritable décor dans ses romans.
Dans American Psycho, un sujet est véritablement important pour le contexte historique : l’Homosexualité.
En effet, les années 1980 sont "l’Âge d’Or " de l’homosexualité.
C’est la première et la dernière fois qu’elle et si visible et flamboyante. Jamais plus elle ne sera aussi décomplexée, incorrecte, jamais plus elle ne retrouvera cet éclat eighties qu’elle a eu.
On peut expliquer cela pour plusieurs raisons.
D’une part, c’est la décennie où apparaît le Sida, maladie qui dans un premier temps a touché majoritairement les personnes homosexuelles et qui a causé des milliers de décès, d'autre par les goûts homosexuels s'orientent en général vers la nostalgie "Kitsch" , vers le monde sucré et adolescent musico-télévisuel typiquement eighties.
Par ailleurs, les années 80 sont aussi la période qui sacralise l’homme-objet et surtout la femme-objet androgyne, ces êtes mi-mythiques, mi-réels sur lesquels se sont principalement focalisées les personnes homosexuelles dans leur quête indentitaire et amoureuse.
Au cours des années 80, la publicité acquiert une vraie place d’honneur dans la société, devient un enjeu politique et commercial de taille.
Avant les années 1990, il importait peu pour les jeunes de porter des vêtements de marques, par exemple : c'est avec le travail de lobbying marketing des années 1980 que la société de consommation a pu se faire une beauté et soigner solidement son image.Les artistes homosexuels ne sont pas étrangers à cette révolution de l’art et de la société matérialiste : ils en sont même le fer de lance.
La Réalisatrice : Mary Harron
Mary Harron est une productrice, réalisatrice et scénariste canadienne, née le 12 Janvier 1953 au Canada.
Fille de l'acteur Donald Harron et sœur de la productrice Kelley Harron, elle déménagea en Angleterre à l'âge de 13 ans et fit ses études à Oxford.
Son premier film marquant fut I Shot Andy Warhol en 1996, basé Andy Warhol et de sa compagne Valérie Solanas.
Quelques films réalisés :
The Notorious Bettie Page (2005), The Moth Diaries (2010), Winds of change (TV) (1994).
Du Roman au Film
American Psycho est sorti au début des années 90, le livre de Bret Easton Ellis jetait un regard cynique sur la décennie qui venait de s’achever et qui avait été le point culminant de la culture yuppie (on se souvient du film Wall Street qui avait déjà abordé ce sujet).
L’utilisation extrême de la violence et du sexe ne servaient que de prétexte à montrer l’avilissement derrière le masque d’une génération de héros des affaires.
Et c’est parce que la réalisatrice a su très bien cerner ce point, que le film est une réussite. Au lieu de nous infliger un film slasher, sa réalisation suggère, plutôt que de montrer en détail, évitant ainsi un
classement X. Mary Harron se concentre sur le personnage et son interaction avec le monde dans lequel il évolue, l'utilisant comme véhicule d'un satire caustique et jouissive de cette "génération Wall Street".
Le film oscille donc entre horreur, fantasmagorie et sarcasmes, toujours sous le signe de l’humour noir bien sûr. Et les scènes de satire de Bateman et de son monde sont hilarantes. Du concours de cartes de visite à l'orgie avec les prostituées où il ne fait que se regarder dans la glace tout en se filmant en plein acte, en passant par les scènes de violence irrélles.
Les Personnages : Caractérisation et Interprétation.
La critique se veut acerbe et n’épargne aucun des personnages (sauf un). Collègues, fiancées, avocat, prostituées et même le détective: tous sont rongés par le vice, désir de paraître, argent, perversion, folie, cruauté. Bateman réunissant cependant toutes ces qualités comme pour mieux les absorber.
Le film ne marcherait pas sans l’interprétation éclatante de Christian Bale, acteur qui incarne le rôle principal, qui donne vie au personnage procurant au spectateur une jubilation inespérée.
Bateman est un personnage narcissique, amoureux de lui-même, au propre comme au figuré, qui aspire au rang d’homme parfait. Mais derrière son masque de beauté, comme la scène d’ouverture le suggère, se cache un monstre qui s’attaque à ceux qui déshonorent sa «race» d’homme parfait, et à ceux qui pourraient lui faire de l’ombre ou lui renvoient sa propre image. Et c’est d’ailleurs pour ça que le seul personnage innocent du film se verra épargné, le seul être qu’il serait prêt à aimer.
C’est un régal de voir la performance de Bale dans un tel rôle monstrueux auquel il apporte un décalage des plus jouissifs. Sérieux ou fou, Bale dégage toujours un charme et une folie douce qui rend son personnage hilarant. Un peu comme Malcom McDowell dans Orange Mécanique. On se rappelle ainsi de la façon élégante, comme une danse, avec laquelle McDowell tuait ses victimes, comparable ici aux envolées quasi-philosophiques de Bateman.
On notera aussi la justesse de l'effacement de l'actrice Chloé Sevigny qui apporte un bref moment de fraicheur et de pureté dans toute cette cruauté.
Les scènes (lieux et décors du roman)
Hormis la scène de la douche, les longues descriptions du livre sont absentes. Mais aurait-il fallu les respecter, le film aurait duré plusieurs jours. On peut aussi s'interroger sur une des dernières scènes avec la police, trop volontairement fantasmagorique pour être honnête.
Pourtant, ce qui pourrait paraître maladroit, est en fait un astucieux leurre destiné à semer la confusion dans l'esprit du spectateur et à l'amener dans une mauvaise direction quant à la santé mentale de Patrick Bateman. Le film brouille habilement les limites entre réalité et fantasmagorie et offre soudainement au spectateur comme à Patrick Bateman une solution évidente, sorte de sortie de secours facile du cauchemar pour le personnage et du film pour le spectateur. Pourtant comme l'indique le panneau derrière l'avocat et Bateman dans cette dernière scène qui contient la clé du film "This is not an exit".
Dans un monde où règnent les apparences, les illusions sont trompeuses. Comment être sûr de la parole d'un homme qui confond ses clients? Les appâts du marché de l'immobilier New Yorkais apportent aussi un autre indice. Quant à la paranoïa, elle prendrait facilement racine dans une folie si monstrueuse. Folie ou prison ne seront donc pas une sortie de secours pour Bateman qui devra subir la punition infinie d'une réalité cruelle.
La bande son est également importante, elle oscille, sur les chanteurs préférés d’Ellis tels Huey Lewis, Phil Collins, Whitney Houston et entre daube FM et musique branchée, ce qui donne une touche encore plus ironique au film (la même touche qui figure tout le long du roman) quand on connait la profondeur de ces chanteurs.
Conclusion
Adapter American Psycho à l’écran était une tâche périlleuse, quasi-impossible tant le roman de Bret Easton Ellis est crû dans sa représentation détaillée voire chirurgicale de la violence et du sexe. La réalisatrice Mary Harron s’en acquitte pourtant avec succès, préservant l’essence de la nouvelle tout en l’édulcorant visuellement.
American Psycho dévoile la noirceur et le cynisme de l'Amérique des années 80, tel le fait Ellis dans son œuvre. Il réussit d'autant plus à leurrer ceux qu'il cible : ses détracteurs.